Réflexions sur la réalisation
des caissons «Onken»

Philippe Viboud
Audiophile n° 26, décembre 1982

Finitions

Il y a plusieurs solutions pour rendre ses caissons agréables à regarder: laisser le tout brut (le plus simple!), peindre ou plaquer. En ce qui concerne la première solution, celle-ci n'est possible que dans le cas où le bois n'a pas de défaut externe (surfaces et tranches) et que les vis affleurent toutes en surface sans problème. Dans ce cas, un simple ponçage suffit: l'esthétique n'est pas déplaisante car le Nantex a un aspect de surface fort acceptable.

Photo 32: Matériel pour le vieillissement des haut-parleurs. Noter sur la face avant la présence des petites poignées qui, ici, sont très visibles mais se sont fondues dans l'ensemble après les finitions.

La peinture est aussi simple à mettre en oeuvre. Avant, il faut bien rattraper tous les petits défauts, car il ne faut pas compter sur la peinture pour les masquer.

Pour ce qui est du mastic, j'ai utilisé du « Solibois » pour les vis et récupérer les éclats de surface et les trous sur les tranches. Celui-ci est un bi-composant: résine + bois en poudre à mélanger en parties pondérales 80/100, ce qui donne un mélange assez liquide, dont la prise est très rapide. Il ne faut donc en faire qu'une cuillère à café à chaque fois ! Son prix est aussi élevé mais par contre les résultats sont très bons: une fois durci, il peut être travaillé comme du bois. Il faut alors tout limé et poncé pour égaliser les surfaces. Ayant opté pour cette solution, j'ai utilisé en sous-couche une peinture très dense au plomb qui rend le bois hydrophobe. J'ai ensuite passé deux couches de finition en noir mat à l'aide de peinture pour tableaux et tables de ping-pong. Celle-ci devient en effet très dure et se passe relativement bien. Evidemment, elle ne se fait qu'en noir et vert! Rien ne vous empêche de peindre vos caissons couleur «fraise» ou «canari»!

La dernière solution est peut-être la plus élégante, mais aussi ta plus onéreuse et la plus difficile à réaliser. Les placages du commerce se présentent de diverses façons. Pour les bois ordinaires, les placages sont découpés tout autour du tronc et enroulés. Pour les bois précieux, les placages sont réalisés par découpe de feuilles de diverses épaisseurs.

Cette solution donne les meilleurs placages mais du fait de la perte, revient très cher. Un dérivé consiste à couper les tranches non plus à la scie mais à la lame. L'épaisseur est alors plus fine. Les qualités sont nombreuses acajou, chêne, érable, noyer, bois exotiques... Les épaisseurs varient de quelques dixièmes à 4 mm. Le gros problème pour un amateur est le placage régulier sur de grandes surfaces. On trouve dans le commerce des placages que l'on pose par repassage (colle fondant à la chaleur du fer). Sinon, il faut encoller à la colle blanche mais ceci implique d'avoir une presse hydraulique de grande surface!

Il faut d'abord découper très précisément tous les panneaux (fixés à l'aide de serre-joints) avec une lame bien aiguisée ou une scie à placage (pour les épaisseurs plus importantes).

Après encollage, chaque joint sera recouvert de « papier à joint » adhésif qui maintient les plaques pendant le collage.

L'amateur peut alors se faire des plaques de pressage maintenues par serre-joints. Ceux-ci appliqueront leur pression au maximum sur le centre afin d'éviter les bulles (comme en tapisserie) et chasser la colle sur les bords. Il est aussi élégant de plaquer les angles à 45°.

Photo 33: Ponçage pour les finitions. Toutes les têtes de vis sont mastiquées avant la peinture ou le placage.

Pour ça, on superpose les deux feuilles à 90º à l'aide d'une équerre 45º on coupe selon la bissectrice. Finir les bords au papier de verre fin très soigneusement.

Conclusion

Nous voici arrivés au terme de cette réalisation. En fait, toute cette construction peut très bien s'appliquer dans sa méthode à n'importe quel caisson, qu'il soit plus petit (Petite Onken) ou plus gros (enceinte extrême-grave à pavillon). Pour des réalisations plus importantes, l'écueil principal deviendra le poids prohibitif de l'enceinte car plus les parois sont grandes et plus elles doivent être rigidifiées par des tasseaux de renfort, sablage...

Je reviendrai sûrement, dans un prochain article, sur l'intégration de ces caissons dans l'ensemble de la chaîne, avec les diverses solutions, leurs évolutions possibles, les réglages liés aux problèmes d'acoustique et d'isolation du local, ainsi que sur des petits détails auxquels on n'attache peut-être pas assez d'importance comme l'esthétique, l'aménagement de l'auditorium ou l'éclairage de celui-ci avant et pendant l'écoute; car n'oublions pas que lorsque l'on superpose les courbes de sensibilité de l'oreille en fonction de la fréquence et de le sensibilité de l'oeil en fonction de la longueur d'onde, on est frappé par leur similitude... mais ceci est une autre histoire.