Réflexions sur la réalisation
des caissons «Onken»

Fixation de la face non amovible.

Pour la face avant, nous avons vu qu'elle devait se faire bien avant. Le tasseau de rigidification entre l'avant et l'arrière doit être fixé à cette face au même moment. Dans mon cas, je l'ai fixé sur le fond, collé, encastré et vissé par une seule vis de 5 x 50. Noter que ce tasseau doit être enfoncé très perpendiculaire pour arriver le plus précisément possible sur l'emplacement de la face opposée réservée à son égard. Il faut alors s'assure que le fond s'ajuste bien sur les

Photo 21. Fixation du fond. Remarquer la position en quinconce et perpendiculaire des vis.

quatre côtés ce qui n'est pas du tout évident au vu de la précision des découpes. Pour ma part, j'ai dû rectifier cette planéité postérieure afin d'avoir le maximum de contact et d'étanchéité. Il faut aussi préparer tous les tracés pour visser, car une fois que l'on a encollé sur tout le pourtour, il ne faut pas perdre de temps. Toujours pour travailler à l'horizontale, le caisson est couché face avant contre terre. Mes fonds pesant plus de 30 kg je dois dire qu'une fois plein de colle, c'est une partie de plaisir pour les rentrer dans le caisson. D'autant plus qu'étant très ajuste, il ne s'agit pas de rentrer un bord à fond, car l'opposé ne rentre plus. L'ensemble doit entrer bien parallèlement sur les autres côtés simultanément!

Ensuite, on place les serre-joints et l'on visse progressivement la première série de vis dans le fond. Pour visser la deuxième série perpendiculaire dans les côtés (cf. photo 21), il faut redresser le caisson et le coucher successivement sur les quatre côtés (à ce moment précis, il pèse 84 kg !). Là aussi, la fixation est très importante et ne supporte pas de faiblesse. Le fond (ou la face avant) doit véritablement faire corps avec le reste.

Fixation de la face amovible.

Nous avons déjà précisé que celle-ci doit dire parfaitement ajustée afin d'assurer le maximum d'étanchéité et de rigidité. Une fois mise en place avec un maillet en bois, on doit bien repérer l'emplacement du tasseau avant / arrière au crayon, en traçant son périmètre sur la face postérieure par le trou HP. S'assurer aussi de sa bonne adhérence sur toute sa surface. Une fois la paroi retirée, il suffit de marquer les diagonales et de percer à leur croisement un petit trou bien perpendiculaire qui, sur la face antérieure, indiquera le point exact de percement du crampon. On est ainsi assuré de ne pas « taper à côté ». On serrera l'ensemble pour fixer les vis-harpon comme nous l'avons dit. Rappelons que le trou fait la longueur du harpon (ici 62 mm) et qu'il est esthétiquement conseillé d'encastrer les têtes avec une fraise sur 5 mm (cf. photo 24). Le petit cache plastique sera alors collé dans ce trou. Les vis s'enfoncent aussi avec un maillet assez facilement, mais avec cependant une petite résistance afin que l'écrou morde bien. Il suffit alors de serrer avec une clé hexagonale de quatre à environ sept tours (pas trop, afin de ne

Photo 22: Fond fixé. Remarquer le tasseau avant / arrière encastré de 25 mm dans le fond et bien perpendiculaire.

Photo 23: Mise en place de la face avant. Pour des serrages intéressant une telle surface, quatre serre-joints sont vraiment le minimum.

Photo 24: Percement des avant-trous destinés ô recevoir les harpons. La profondeur de perce doit être parfaitement réglée pour que tout affleure.

pas éclater les tasseaux). A propos des clés six pans, il faut en prévoir une en acier, car celle fournie est vraiment de mauvaise qualité. Une fois tout fixé, on peut enlever les serre-joints et fignoler éventuellement les ajustages. Il faut alors redévisser chaque harpon en les rangeant dans l'ordre afin d'éviter les petites différences au niveau des percements et filetages et retirer les faces avant. A ce niveau, on peut prévoir la fixation éventuelle du rideau en plaçant des petits pitons au tiers postérieur de la face supérieure. On pourra ainsi mettre et enlever ces rideaux sans aucun problème. D'autre part, on peut aussi déjà penser au câblage. Il est simple de le faire cheminer le long du tasseau. Pour ce faire, j'ai serré autour de ce dernier deux colliers dans lesquels passeront le fil et qui, de plus, le rigidifie et l'empêche de se fendre. Le tout pourra alors être recouvert du feutre dont nous allons parler de suite. Personnellement, j'ai tout noyé dans le blackson.

Découpe et collage du feutre. Face à son rouleau d'UJS 10, il faut d'abord réfléchir avant de le couper, pour ne rien gaspiller.

Le mien m'a été livré en largeur environ 1,87 m, mais je ne sais pas si ceci constitue une généralité ? Cette dimension correspond à environ 2 x 0,9 m, soit les hauteurs des filtres-fonds et retours. On trace ensuite les dessus et dessous, puis les faces avant. Avec les chutes, on peut aisément recouvrir les tasseaux et il doit normalement rester largement de quoi découper les rideaux. En ce qui concerne la découpe, elle est rendue difficile par l'épaisseur et la relative mollesse de ce feutre. Après avoir tout prétracé à la craie, j'ai utilisé une forte lame très aiguisée et une longue régie. Une fois entamée sur la moitié de l'épaisseur, on termine au ciseau de tapissier qui permet une découpe beaucoup moins hachée que la laine. Je n'ai pas, non plus, recouvert les renforts sous de grandes surfaces selon ce schéma.

J'ai préféré tout ajuster pour une meilleure finition et une meilleure tenue du feutre qui, sur cette épaisseur, ne se plie pas si facilement. A propos de tenue, le point important de cette opération est le collage. Je ne conseille pas d'utiliser la colle à bois qui est beaucoup trop liquide, ce qui a plusieurs désavantages.

Photo 25: Collage du feutre. Ne pas oublier de marquer le trou pour le passage du fil (point blanc sur le fond).

Primo, le feutre étant lourd et la prise n'étant pas instantanée, il se décolle par le fait de son poids. Secundo, une colle trop fluide pénètre dans le feutre qui la « boit » ce qui, d'une part, le détériore et d'autre part, nuit à l'adhérence une fois sec. J'ai, par contre, eu toute satisfaction avec la colle servant à enduire les plaques de liège mural. C'est une colle pâteuse, de couleur marron foncé, de prise assez rapide et qui par cette consistance est bien adaptée è l'encollage des panneaux lourds, maintenus à la verticale. D'autre part, cette colle reste en surface et assure un collage très résistant (j'ai fait divers essais sur des chutes qu'il est impossible ensuite de recoller sans les déchirer). Cette colle n'est, certes, pas l'unique solution; il existe des colles spéciales tissus et des Néoprènes qui feront sans doute aussi l'affaire.

La face avant sera faite en dernier après avoir fixé les HP.Pour les rideaux, après avoir demandé des conseils à M. Chrétien, il est recommandé de les mettre dans la grande majorité des cas pour obtenir un grave moins sec et plus vrai. Ceci est net sur l'orgue par exemple.

Il est à noter que ces rideaux n'utilisent pas la totalité de l'épaisseur du feutre. Les plaques sont dédoublées pour avoir environ 5 mm. L'UJS étant feuilleté, cette opération ne présent aucune difficulté. Ces rideaux plus souples devront aussi le reste; lors de leur fixation soit par agrafes, soit par pitons (solution amovible) sur le dessus. Ils ne devront pas toucher les filtres et le fond (environ 10 mm de marge) afin de rester « flottant » (cf. photo 26). Dans cette optique, le tasseau avant / arrière passera aussi dans une ouverture découpée assez large.

Photo 26 . Fixation du rideau. Remarquer la relative liberté de celui-ci qui reste flottant sans loucher les parois.

Photo 27: Centrage du HP. Après avoir dégrossi avec le cercle interne (cf. Photo 16), on utilise les reliefs concentriques de la suspension.

Photo 28: Fixation du HP. Le serrage doit être efficace et très uniforme.

Fixation du haut-parleur.

Il est d'abord important de s'assurer de l'absence de gros défauts sur les Altec avant de les monter. Sur des modèles de ce prix, les défauts de fabrication sont rares mais peuvent être inhérents à un choc lors du transport ou une petite bavure (colle-limaille...) dans l'entrefer entraînant un frottement ou un décentrement de la bobine. Pour s'en apercevoir, il suffit de prêter l'oreille quand on déplace « doucement » la membrane en appuyant uniformément au centre. Une solution plus élégante et surtout beaucoup plus sûre consiste à appliquer aux bornes une fréquence très basse (2 à 10 Hz) à l'aide d'un générateur BF; le moindre frottement se ressent immédiatement. Après cette petite vérification, poser les faces avant à l'horizontale sur des chevalets et percer les huit trous pour les vis de diamètre 6 mm. Les tiges filetées doivent juste passer. Centrer le HP (photo 27). A noter que la tranche circulaire des faces avant aura intérêt à être finie (peinture ou placage) avant le montage du HP pour des raisons évidentes de sécurité des membranes!

On peut alors mettre les rondelles et serrer les écrous. Aller lentement en les serrant toujours deux par deux en opposé. Ceci avait déjà été précisé par M. Hiraga: l'entrefer étant très étroit, un décentrement dû à un serrage non symétrique est toujours possible. Pour cela, l'utilisation du même générateur BF est un élément de détection infaillible. Les premiers tours seront donc serrés avec une clé par l'arrière. Pour les derniers, bien maintenir la vis à l'avant pour ne pas qu'elle tourne (attention aux membranes!) et abîme le joint caoutchouc du saladier.

Photo 29: Joint silicone pour étanchéifier le HP. Il doit être bien régulier et pénétrer dans tous les espaces sans faille.

Après avoir serré par les huit vis, il est intéressant de parfaire l'étanchéité avec un joint silicone appliqué au pistolet sur toute la périphérie. Il assure une étanchéité parfaite et de plus renforce l'action des vis. J'ai fait l'expérience de redresser les huit écrous après séchage du joint (minimum 24 h): le HP n'a pas bougé pour autant, même en mettant la face verticale et en tirant dessus!...

Photo 30: Collage du feutre sur la face avant. Bien laisser l'espace suffisant aux tasseaux.

Les HP fixés, on peut alors finir de coller le feutre et s'occuper du câblage qui ne pose pas de problème particulier. Certaines réalisations utilisent un bornier fixé sur la face arrière. Si l'on n'est pas amené à déplacer fréquemment ces caissons, je ne vois pas l'intérêt, si ce n'est esthétique, de multiplier les difficultés et ce qui est plus grave, les contacts. J'ai donc utilisé la solution la plus simple qui consiste à souder directement aux bornes HP, la longueur de câble nécessaire pour le relier à l'ampli ou au filtre (attention aux oppositions de phase!). Il faut prévoir le percement du feutre â l'endroit du trou percé lors de la préparation du fond. Une fois passé, on pourra parfaire l'étanchéité avec du mastic ou du joint. Prévoir aussi une petite boucle de fil au niveau du HP afin de ne provoquer aucune traction lors du retrait de la face amovible. Replacer alors la face amovible sur les caissons et passer aux finitions.

A ce niveau, on peut aussi pré-vieillir les HP. Les Altec neufs sont, en effet, assez raides et ne donnent pas des résultats probants au début. Le prévieillissement n'est pas quelque chose de particulièrement drôle, mais il permet de « dégrossir » et facilite plus tard les réglages par stabilisation physique des haut-parleurs. Pour ce faire, il faut un générateur BF de qualité branché à un ampli de puissance. Je n'ai rien innové et j'ai suivi les conseils de M. Hiraga, soit 25 Hz pendant cinq heures, 110 Hz pendant deux heures et 3 000 Hz pendant une heure. Ceci étant répété quatre fois de suite, soit 40 heures de vieillissement par HP sous 0,6 W (environ 2,18 V aux bornes du HP). C'est donc assez long et de plus pénible. Pour le 25 Hz, tout se passe très bien à part peut-être un trouble physiologique à la longue si l'on reste dans la pièce. A partir du 110 Hz, cela se gâte un peu pour résumer, je ne vous citerai qu'une réflexion de ma chère maman, qui n'a jamais rien compris aux élucubrations holoacoustiques de son rejeton et qui, inquiète, m'a demandé: « Mais, ça fera ça tout le temps ?»...
Bon, je passe...

Pour les 1000 et 3000 Hz, alors là, il est conseillé de mettre les enceintes face à face branchées en opposition de phase afin de minimiser la torture!

Photo 31: Câblage du HP. Faire attention que le câble n'entrave en aucun cas les fils propres du HP qui doivent rester très souples pour assurer son débattement naturel.

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